Diagnostic du système alimentaire à la Tour-d'Aigues

À partir des outils proposés par l’association « les greniers d’abondance », la Tourbillonnante souhaite proposer aux Tourains et Touraines un premier diagnostic sur notre système alimentaire, L’objectif étant de nous interroger sur la manière dont nous pourrions arriver à une sécurité alimentaire durable.
L’association les greniers d’abondance propose des outils et documents autour de la sécurité alimentaire pour comprendre les problèmes posés par l’organisation du système actuel et proposer une voie pour atteindre une sécurité alimentaire durable.
Un des constats lié au changement climatique est que nous vivons, et allons vivre de plus en plus de crises : des évènements extrêmes et rares, vont devenir de plus en plus fréquents. Ces évènements risquent notamment de mettre en danger notre approvisionnement alimentaire (voir par exemple le bouleversement des chaînes d’approvisionnement mondiales lors de la crise du Covid).
Un des outils proposé par l’association des greniers d’abondance permet de diagnostiquer le niveau d'autonomie alimentaire du territoire, c’est-à-dire sa capacité à nourrir ses habitants. Nous nous proposons ici de faire une synthèse de ce diagnostic alimentaire.
Voici un aperçu des indicateurs proposés :
![]() | TERRES AGRICOLES |
![]() | AGRICULTEURS & EXPLOITATIONS Part d'actifs agricoles permanents plus élevée que la moyenne française mais en déclin. |
![]() | INTRANTS Dépendance trés marquée aux pesticides, marquée à l'eau d'irrigation et relativement faible à l'énergie. |
![]() | PRODUCTION Production nettement insuffisante pour couvrir la consommation mais pratiques agricoles favorables à la biodiversité. |
![]() | TRANSFORMATION & DISTRIBUTION 13 % de la population est théoriquement dépendante de la voiture pour ses achats alimentaires. |
![]() | CONSOMMATION [à I'échelle française] Régime alimentaire riche et très carné qui induit un besoin important de surfaces agricoles. Précarité alimentaire importante et en hausse. |
Synthèse locale
Sans surprise, les points saillants au niveau de la Tour-d’Aigues sont les suivants :
Les terres agricoles pas assez nombreuses suivant le régime alimentaire choisis, sont occupés à 85% par la vigne. Le développement de cette industrie viticole est un choix politique qu’il faudrait remettre en question, si la sécurité alimentaire devient une priorité
Pas assez de terre agricole pour nourrir les habitants — 85% de ces terres sont dédiées à la vigne.
Aujourd’hui, il y a 3 300 m² de surface cultivée par habitant et il en faudrait 6 600 avec notre régime alimentaire actuel ou 3 600 m² avec un régime alimentaire moins carné. Il faudrait aussi que la production ne soit plus majoritairement viticole, mais devienne une agriculture nourricière.
L’écart entre ce qui est produit et consommé est phénoménal et seul 7,6 % de la consommation actuelle pourrait en théorie être couverte par la production locale (~10 % au niveau départemental ou régional).

Écart entre production et consommation (lien sur le site de crater)
Trop de pesticides
La commune utilise trop de pesticides (4,4 fois la dose annuelle maximale autorisée pour une substance donnée selon les calculs de l’association). Les pesticides sont en général importés depuis l’extérieur des territoires et proposés par un petit nombre de fournisseurs, pour la plupart des multinationales.
Ce manque d’autonomie constitue une vulnérabilité dans un contexte de contraintes économiques, géopolitiques et énergétiques (disponibilité et prix des engrais, pesticides, combustibles…) et de changement climatique.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier les impacts sanitaires et les coûts des externalités négatives associées à l’utilisation de ces pesticides (coût pour le système de santé, baisse de productivité lié à la diminution de la biodiversité et au nombre de pollinisateurs,…). L’industrie viticole et l’agroalimentaire ne peuvent pas aujourd’hui se passer de pesticides et nous en payons le prix.

Fréquence de traitement phytosanitaire à La Tour-d’Aigues selon solagro

Parcelles BIO sur la commune de La Tour-d’Aigues (en vert)
Risques liés à l’irrigation
Les données au niveau de la commune ne semblent pas alarmantes, mais les informations sur la source de donnée montrent que du fait de la présence de la SCP, il faut remonter au niveau du département pour avoir des informations fiables. On trouve alors une ponction de 1 300 m³ d’eau par an et par hectare de surface agricole (soit l’équivalent de 130 mm de précipitation). C’est plus de 6 fois la moyenne métropolitaine et les prélèvements sont en hausse. Ces chiffres sont à mettre en relation avec la hausse des alertes sécheresses sur le territoire.
D’après wikipedia, les réserves constituées sur le Verdon permettent au canal de Provence de garantir les débits sur une période de sécheresse de deux ans.
Comme pour nos aliments, nous ne sommes pas autonome en eau, la canal de Provence ponctionne l’eau du Verdon pour la transporter, entre autre, jusqu’à nous (9 millions d’euros ont été dédiés ces dernières années sur la Tour-d’Aigues pour mettre en place de nouvelles bornes et réseau associé. Que ferons-nous lorsque le Verdon sera à sec ou que les habitants des communes qui bordent le Verdon voudront en cas de sécheresse pouvoir utiliser cette eau ?
Conclusions du diagnostic de notre système alimentaire local
Le système alimentaire local, que ce soit au niveau de la commune ou du département n’est pas adapté aux aléas annoncés par le changement climatique : il ne permet pas de nourrir la population locale, est trop dépendant de produits importés et d’une ressource en eau qui risque de se raréfier.