Parc naturel régional du Luberon : la question du survol aérien dans la nouvelle charte
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Pour toutes celles et ceux qui sont préoccupés par les nuisances aériennes subies dans le sud Luberon, la nouvelle charte du parc naturel régional du Luberon fera regretter l’ancienne. Face à la difficulté de limiter la multiplication des vols civils loisir et les entraînements militaires à moins de 1000 mètres d’altitude, la nouvelle Charte semble baisser les bras… Nous avons comparé pour vous ce que disait l’ancienne charte sur le sujet et la nouvelle — c'est hélas une régression nette. C’est pourquoi nous suggérons que le conseil municipal de La Tour-d’Aigues, qui doit prochainement se prononcer sur l’adhésion (avec ou sans réserves) à la nouvelle charte du Parc, émette une réserve afin que ce sujet soit pris en considération.
Ce que disait l'ancienne charte à propos de la qualité sonore du territoire :
Depuis sa création, le Parc Naturel avait fait de la qualité sonore du territoire un objectif à part entière (voir l’ancienne Charte du PNRL).
L’ Objectif B.2.14 prévoyait ainsi d’« Étre plus attentif à la qualité sonore du territoire »
La mission d’étude, qui a débouché sur la création du Parc naturel régional du Luberon, a été conduite dès 1970 dans le cadre du décret du 1er mars 1967 instituant les Parcs naturels régionaux. L’article 1er de ce décret stipule « Le territoire de tout ou partie d’une ou plusieurs communes peut être classé en Parc naturel régional lorsqu’il présente un intérêt particulier pour la qualité de son patrimoine naturel et culturel, pour la détente, le repos des hommes et le tourisme ». Pour mériter la dénomination Parc naturel régional, la Charte fondatrice du Parc a alors clairement affirmé la volonté des communes de faire de ce territoire un espace d’excellence en matière de qualité sonore et de repos acoustique. La zone de pleine nature du Parc, à laquelle sont adossés la majorité des villages a, dès 1977, été appelée Zone de Nature et de Silence où, sur 70 000 hectares environ, toute construction et route nouvelles ne sont pas autorisées, ni la libre circulation des véhicules à moteur sauf pour les propriétaires ou leurs ayants droit et celles liées aux activités professionnelles. La poursuite, difficile mais réussie, de cet objectif depuis la création du Parc, a fait de la qualité sonore en Luberon un atout, un facteur de croissance, un critère de différenciation à l’origine de nombreux choix pour venir y résider, y développer des activités économiques, particulièrement celles liées à l’accueil et au tourisme. La recherche de cette qualité sonore doit prendre en compte les multiples bruits inévitables de la vie quotidienne en Luberon en portant son attention sur les seuls bruits qui constituent de véritables pollutions, étant donné leur caractère anormal par rapport à ceux de l’environnement rural ambiant. Cette orientation est irréversible. Toute atteinte à cet équilibre équivaudrait, quelle qu’en soit l’origine, à une rupture du contrat entre l’Etat qui a instauré les Parcs naturels régionaux comme lieux où la qualité de la vie, le repos et la détente constituent des facteurs de développement et les adhérents au Parc qui ont orienté le développement économique et social de ce territoire en veillant à la compatibilité de leurs choix avec les objectifs de sa Charte. (…)
On ne retrouve plus aucune pétition de principe de cette nature dans la nouvelle charte.
Mais l’ancienne charte ne s’arrêtait pas là, elle consacrait de long développement pour que le Parc joue un rôle en matière de survol aérien, ce qui n’est plus le cas dans la nouvelle charte : concertation pour les vols en dessous de 1000 mètres, interdiction de la voltige, des déposes touristiques en hélicoptère, convention avec l’État, etc… (voir pages 114 à 115) : Face aux survols aériens en sud Luberon, la charte constituait un socle pour limiter les nuisances sonores
Ce que dit le projet de nouvelle charte : rien, ou quasiment rien !
Abandon total de la question des survols aériens, que ce soit au-dessus des zones habitées ou encore au-dessus des zones de nature et de silence !
Aucune des 47 mesures concrètes du plan triennal d’action de la nouvelle charte (annexe réglementaire) ne concerne spécifiquement sur la qualité sonore du territoire, les nuisances aériennes. Seuls la mesure 41, qui recouvre de manière très générale « les risques de nuisances » se borne à évoque un vague « travail de limitation des nuisances sonores » : oublié, l’objectif de qualité sonore du Parc Naturel et notamment la question des survols aériens. Seuls subsistent dans le rapport de la Charte (novembre 2024) l’interdiction des vols circulaires, des vols d'entraînements et des hélicoptères au-dessus des quelques zones de nature et de silence délimitées à l’intérieur du Parc (page 252), ce qui est en recul par rapport à la précédente charte. N'est-ce pas là un désengagement programmé du Parc sur la question des nuisances aériennes en sud Luberon ? Alors que l’ensemble des conseils municipaux vont devoir se prononcer prochainement sur l’adhésion à la nouvelle Charte (avec ou sans réserves) nous suggérons une réserve pour que l’objectif de qualité sonore du territoire et la question des nuisances liées aux survols aériens, notamment en sud Luberon, soient pris en considération.