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écologie

Pestiriv — une étude sur l'exposition aux pesticides en région viticole

Publié le

Bandeau de l'enquête pestiriv, représentant en dessin naïf, un village, des champs de vigne et une personne féminine en premier plan.


Santé publique France et l’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ont réalisé l'étude Pestiriv pour mieux connaître l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes ou éloignées de toute culture.




En quoi cela nous concerne ?

Comme l'a rappelé notre précédent article sur le diagnostic du système alimentaire local, nous utilisons trop de pesticides et 80% des terres cultivées sont de la vigne.

Nous sommes donc concernés au premier plan par ce sujet.

L'étude

Cette étude vise à comparer l'exposition aux pesticides des personnes vivant à moins de 500 mètres de vignes avec celle des personnes vivant à plus de 1 km de toute culture. Elle a également analysé l'impact des périodes de traitement, plus intenses entre mars et août, et les facteurs pouvant influencer cette exposition (quantité de substances actives utilisée, distance…).

Points clefs

PestiRiv est une étude d’ampleur nationale dont les mesures ont été réalisées au cours des périodes avec et sans traitement des vignes (octobre 2021 - août 2022).

L’exposition aux pesticides est comparée entre les zones viticoles (situées à moins de 500 mètres de vignes) et les zones éloignées de toute culture (absence de culture à moins de 1 kilomètre) et entre les périodes de traitement et hors traitement des vignes.

Elle analyse les concentrations en pesticides dans les urines, les cheveux, les poussières, l'air intérieur, les aliments auto-produits et l'air ambiant.

Les résultats

Les résultats sont maintenant publiés. Qu'y apprend-on ?

Dans leur avis commun, qui analyse la méthode utilisée, ses forces et faiblesses et fait une synthèse des conclusions, l'Anses et Santé publique France font cette synthèse :

Principaux résultats

L’exposition en zones viticoles est majoritairement plus élevée qu’en zones éloignées de toute culture.

En zones viticoles, l’exposition est influencée par les quantités de produits utilisés, la distance aux vignes, les contacts avec l’environnement et certains gestes du quotidien.

En zones viticoles, l’exposition en période de traitement est majoritairement plus élevée qu’en période hors traitement.

Les résultats confirment la nécessité de réduire l’utilisation de pesticides au strict nécessaire pour limiter l’exposition des personnes vivant près des cultures.

Tous les habitants proches des vignes sont concernés et les viticulteurs qui y travaillent sont les premiers touchés.

Les recommandations

Ils recommandent donc prioritairement de mettre en place des politiques publiques pour adapter les pratiques culturales ou accompagner leurs transformations pour réduire les quantités de substances actives utilisées et les transferts de substances en provenance des vignes (alternatives aux pesticides, quantités utilisées au plus bas techniquement possible, modalités de traitement, prise en compte du vent…).

Ils suggèrent de s'appuyer pour se faire sur la Stratégie nationale Écophyto 2030.

En attendant qu'il y ait moins de pesticides disséminés dans notre environnement immédiat, il est possible pour limiter l'exposition :

  • d'installer un système de ventilation mécanique (VMC) dans le logement,
  • de se déchausser en entrant dans le logement,
  • nettoyer le logement avec une serpillière ou un aspirateur au moins une fois par semaine,
  • éplucher les fruits produits dans le jardin,
  • limiter la consommation d’œufs de poulaillers domestiques.

L'impact sur la santé

Cette étude rassemble uniquement des données sur l'exposition aux pesticides en zone viticole, mais elle ne dit rien de l'impact de cette exposition sur la santé.
Il faut pour cela aller chercher d'autres études, comme cette méta-étude de l'INSERM Pesticides et santé – Nouvelles données (2021) qui date de 2021.

Concernant les populations qui manipulent ou sont en contact avec des pesticides régulièrement, et qui sont a priori les plus exposées, l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique.

Des liens ont été identifiés pour d’autres pathologies ou événements de santé avec une présomption moyenne. C’est le cas notamment pour la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et les sifflements respiratoires, et les pathologies thyroïdiennes.

En ce qui concernent les enfants, cette étude conclue à une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central.

Le lien entre l'exposition des riverains et les maladies précitées est considéré comme faible dans cette étude uniquement parce qu'ils ne disposaient pas d’évaluation fine de l’exposition, ce que justement vient combler l'étude Pestiriv.

Conclusion

Comme le promeut la stratégie nationale Ecophyto, il est urgent d'accélérer le déploiement dans toutes les exploitations des solutions agroécologiques pour diminuer drastiquement la quantité de produits phytosanitaires utilisés.

Il en va de notre santé à toutes et tous, viticulteurs comme simples riverain·es des vignes