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Pour la féminisation du nom des rues à La Tour-d’Aigues

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Plaque de nom de rue portant l'inscription "Rue des femmes oubliées"

En France, seulement 6 % des rues portent un nom de femme. Le reste célèbre presque exclusivement des hommes : politiques, militaires, écrivains. Ce déséquilibre n’est pas anodin : il traduit une invisibilisation persistante des femmes dans l’espace public.

Le rapport « Territoire féministe » d’Oxfam le rappelle : les villes reflètent nos inégalités. Dans la toponymie, comme dans l’accès au pouvoir ou aux lieux de décision, les femmes restent minorées. Oxfam invite les collectivités à agir concrètement pour rendre visible la contribution des femmes à l’histoire, en féminisant le nom des rues, des écoles, des places.

Le géographe Frédéric Giraud va plus loin : nommer une rue, c’est imprimer une mémoire collective. Chaque plaque bleue devient un repère symbolique qui façonne les imaginaires et les consciences. « Quand une fille traverse chaque jour des rues portant des noms d’hommes, elle apprend que le monde ne s’est pas écrit pour elle », souligne-t-il.

À La Tour-d’Aigues, les voies qui portent le nom d’une personnalité sont (selon openstreetmap — il en manque peut-être) :

  • Albert Camus (rue)
  • Ambroise Croizat (rue et traverse)
  • Amédée Giniès (chemin)
  • André Aristote (rue)
  • Docteur Medvedowski (rue)
  • Edward Berthezène (rue)
  • Emmanuel Visconti (chemin)
  • Ferdinand Signoret (rue)
  • Frédéric Mistral (Carreiro)
  • Georges Rouard (rue)
  • Henri Sauvecanne (rue)
  • Jean Garcin (rue)
  • Jean Moulin (impasse et rue)
  • Lafayette (rue)
  • Léon Gagean (rue)
  • Lupe Montana (chemin)
  • Marcel Pagnol (lotissement et rue)
  • Maurice Lovisolo (Bd)
  • Paul Eyssavel (rue)
  • Raymonde Alliez (rue)
  • Robert Swanzy (chemin)
  • Théophile Vialey (rue)

Soit 1 seule personnalité féminine pour 22 noms. 

Féminiser la toponymie, permet de rééquilibrer le récit de nos territoires. En Provence, de nombreuses femmes mériteraient de figurer haut sur nos rues.

Femmes provençales remarquables

Germaine Poinso-Chapuis (1897-1981) – Avocate marseillaise et première femme ministre en France (Santé publique, 1947). Figure pionnière de l’égalité dans la vie publique.

Lucie Aubrac (1912-2007) – Résistante et enseignante à Marseille. Symbole du courage et de la liberté.

Marie Gasquet (1872-1960) – Écrivaine d’Arles, proche du Félibrige, elle fit entrer la voix des femmes dans la littérature provençale.

Simone Iff (1924-2014) – Militante féministe marseillaise, cofondatrice du Planning familial, engagée pour les droits des femmes.

Frédérique Hébrard (née en 1927) – Écrivaine et scénariste, auteure d’« Un château en Provence », figure de la culture méridionale.

Louise Germain (1874-1939) – Peintre installée à Aix-en-Provence, collaboratrice de Cézanne, représentante de l’art féminin provençal.

Lily Pastré (1891-1974) – Mécène et philanthrope, soutien du Festival d’Aix et de nombreux artistes pendant la guerre.

Thérèse Caval dite « La Cavale » (XVIIIᵉ siècle) – Révolutionnaire marseillaise, active à Aix, figure audacieuse et populaire de la Révolution.

Yvonne de Komornicka – Résistante vauclusienne, responsable du réseau Combat dans le département. Héroïne locale méconnue.

Manon des Sources – Héroïne de Marcel Pagnol, symbole de la Provence paysanne, libre et fière, incarnation littéraire de la justice et de la nature.

Féminiser nos rues, c’est rendre visibles celles qui ont participé à ce travail de construction collective  et historique en Provence. C’est aussi transmettre un autre modèle aux générations future : un territoire où l’égalité se lit jusque sur les murs.


Correction du 02/11/2025 : il s'agit de la rue Raymonde Alliez et non pas Raymond Alliez.